Entre deux articles sur Pigalle, je continue de fouiller les archives photographiques de la famille. Cette fois, c’est un petit coin de la Grande Histoire de France qui se révèle.
Merci à mon cousin François-Régis pour m’avoir envoyé des dizaines de photographies en noir et blanc. Toutes racontent un bout d’histoire de ma famille. J’en connais certaines et j’en découvre d’autres. Je reconnais des visages quand d’autres sont totalement inconnus. Et puis, collée sagement entre deux clichés de famille en noir et blanc, je vois cette photographie.

Je reconnais l’officier au deuxième plan. Il s’agit de mon grand-oncle, le général Jehan Domergue. Chaque famille a son personnage de légende. Il est cité à toutes les réunions, avec tendresse ou animosité, respect ou colère. Chez nous, c’était Jehan Domergue. Il était l’oncle de mon père et aujourd’hui encore, nous l’appelons le Général. Sa carrière au sein de l’armée française fut brillante : titulaire de 7 citations, grand officier de la légion d’honneur, chef d’état major des armées à Saigon, général commandant la brigade d’Afrique Occidentale de l’Ouest, un gros truc militaire qui supervisait le Sénégal et la Mauritanie.
Moi, gamin, l’évocation du général me ramenait au souvenir des aventures de Jean Valhardi, collection de bandes dessinées lues chez lui et dont il possédait l’intégralité. Je suis encore aujourd’hui fan de cette bande dessinée.
Cette photo montre mon grand-oncle derrière le général Marcel Carpentier dont il fut longtemps le chef d’état-major. Elle fut prise à la fin de la guerre, peut-être pendant le défilé de Strasbourg, à sa libération. Les deux hommes étaient à la tête de la Deuxième Division d’Infanterie Marocaine qui en fit voir des vertes et des pas mûres aux soldats allemands, en Italie notamment – Rome, Sienne et Florence – mais aussi, et surtout, dans l’Est français : Montbéliard, Héricourt et Belfort.
La 2ème division d’infanterie marocaine partit jusqu’en Allemagne pour participer à la reddition de l’ennemi.


On peut le dire, et d’ailleurs, n’hésitez pas à le faire passer autour de vous, j’ai un héros de la deuxième guerre dans ma famille. Ça fait assez classe. Pourtant, quand je lis un extrait des mémoires du Général, celui-ci n’avait pas choisi de l’être. Son âme d’officier et son sens de l’Honneur lui interdisaient tout compromis avec l’ennemi et un gouvernement de collaboration. Jean a eu plusieurs fois la peur – la vraie, celle qui vous transmet des sueurs glacées, pendant que votre cœur s’arrête de battre – quand les patrouilles allemandes frôlaient son chemin.
Voilà, j’avais envie de parler de ce personnage en quelques mots. Il faudrait plusieurs articles pour essayer de cerner le personnage. Une autre fois, peut-être.
I love you. All of you. And Lulu.