Nationale 7 : De Saint Etienne à Mesves sur Loire

La semaine dernière, ma mère s’est éteinte. Alors, j’ai pris sa voiture, mon boîtier et je suis allé sur la Nationale 7. Une étape de 320 kilomètres.

Après avoir pris un rapide petit déjeuner, je pars vers le musée de la Mine. Saint Étienne a longtemps été une ville de charbon et je suis certain que la visite va être passionnante. Sauf que nous sommes lundi matin et les musées nationaux sont fermés les lundis matins. Je me vois mal attendre 3 heures. Je pars donc vers ma première escale : l’Auberge du Grand Bois. J’espère juste que la carte sera raisonnable.

Il ne me faudra qu’une toute petite demi heure pour arriver au col du Grand Bois, premier col de plus de 1000 mètres franchi par le Tour de France en 1903. L’auberge est là. C’est un ancien relais de diligence qui sert d’étape aux voyageurs depuis plus de trois cent ans. Je prends un café dans la petite salle du bar où des locaux discutent avec l’accent du coin. Tout ce petit monde est au Ricard ou au jus de fruits.

Je m’installe à une table. Je suis un homme heureux. Il y a un menu de casse croûte à 13 euros ! Au menu, assiette de charcuterie, omelette et Fromage blanc. Parfait. Allez, on rajoute un verre de Saint Joseph et la bête devrait être contentée.

Maintenant, préparer mon trajet pour l’après midi. Il va être long.

D’abord, la N7. Nos retrouvailles auront lieu en dessous de Roanne. De là, nous ne quitterons plus jamais. Mais qu’est ce que j’écris ?

Je ne sais pas ce que je prends au petit déjeuner mais je vais arrêter… Et respecter des étapes prometteuses.

Je découvre une erreur de taille : l’auberge est au sud de Saint Etienne. Alors que je vais plein nord. Voilà comment on perd une heure de trajet bêtement. Tant pis. Au pire, je vais combler mon retard en empruntant l’autoroute jusqu’à Roanne. De là, mon chemin retrouvera le goudron de celle qui m’attend.

C’est sûr, je ne vais pas mieux.

Si les paysages ont changé, les vestiges, en revanche, ne sont guère différents de ceux croisés sur ma route d’hier.

Ils transportent toujours cette émotion unique, qui nous étreint quand on découvre ces monuments d’hier, nous pince un peu le cœur parce qu’on se dit: « – J’ai connu ». C’était l’enfance, nous étions tous dans la voiture, serrés comme des sardines, entre frères et sœurs. Le voyage durait des journées. C’était, mais alors, tellement long.

Pourtant, quand j’en parle avec mes copains et copines, oui, oui, il m’en reste, l’évocation de ces départs en vacances amènent les sourires aux visages. Je ne sais plus qui écrivait qu’aujourd’hui, on ne voyage plus, on se déplace.

Quand je photographie cet ancien relais de routiers, je découvre son nom.

Chez Rose.

Vous imaginez ? Autrefois, il y avait une Rose qui accueillait les camionneurs : Salut, Dédé, ça va ? Et toi Maurice, toujours vers Marseille ? Pas trop crevé ?

Je la vois ancienne beauté, un peu forte, les cheveux blonds passés et le rouge à lèvres violent. Elle caresse la joue d’un gosse effrayé par les routiers, amène des assiettes pleines de frites et de viande bien saignante à une famille épuisée de parisiens sur le départ. C’est la tôlière.

Aujourd’hui, il ne reste que son nom élégamment dessiné sur un mur défraîchi, au carrefour d’un bled dont j’ai déjà oublié le nom.

Plus loin, et plus tard, par conséquent, j’arrive sur Saint Prix.

Pareil, ce village a été une flèche dans ces folles années de départ en vacances. J’en veux pour preuve cet ensemble inhabité de maisons. Il y a un ancien garage – c’est ce que j’arrive à déchiffrer sur les murs – un atelier de réparations et juste à côté, comme pour mieux attendre que sa voiture soit réparée, un restaurant hôtel.

Pendant que je shoote, je croise les propriétaires de l’endroit : un père et son fils, vraisemblablement. Les deux hommes me demandent ce que je suis en train de faire. Je leur explique mon Road Trip. L’ambiance se détend tout de suite, les sourires arrivent. On papote. On se salue poliment. On se dit au revoir. Ils me remercient et moi, comme un con, j’oublie de les photographier.

Tant pis.

Je passe à côté du Relais de la Route Bleue, étape historique des routiers, continue sur Moulins. J’ai lu qu’il fallait dîner au Grand Café. La salle, dit-on, est magnifique. Coco Chanel fréquentait l’endroit quand elle était étudiante. Il ne m’en fallait guère plus pour me convaincre.

C’est vrai que c’est beau. La nourriture est un peu chère par rapport à ce qu’elle vaut. Je paye et file. Il faut que j’aille au Motel Les Broussailles, à quelques 80 kilomètres d’ici. L’endroit promet un voyage dans le temps. C’est ce que je vous raconterai.

Demain…

La semaine dernière, ma mère s’est éteinte. Alors, j’ai pris sa voiture, mon boîtier et je suis allé sur la Nationale 7.

I love you. All of you. And Lulu.

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