Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.
Il me vient cette phrase de Michel Audiard, prononcée par Lino Ventura dans le cultissime Les Tontons Flingueurs, quand j’écoute les propos de l’international Patrice Evra. Entendons-nous bien, je ne suis pas un spécialiste de football. Tout au plus, suis-je le parfait français moyen qui aime retrouver l’équipe de France dans les grandes occasions telles que la Coupe du Monde ou le Championnat d’Europe des Nations.
Vous, la victoire de l’équipe de France menée par un génial Michel Platini en 1984 dans le championnat d’Europe, ça ne vous cause peut-être pas mais c’est encore un de mes plus beaux souvenirs de môme de 22 ans… Les deux demi-finales de l’équipe de France en 1982 et 1986 contre l' »ennemi » de l’époque, l’Allemagne, j’en tremble encore. Et la consécration de 1998, hein ? Personne n’a oublié.
Certes, les années ont passé et une nouvelle équipe de France a pris place. Le hic, c’est que je ne me reconnais pas dedans. Je ne parle pas des couleurs, je suis même fan des mélanges black, blanc, beur. Je suis un français moyen, vous dis-je. J’aime l’équipe de France quand elle marque des buts, brille dans les compétitions. Pas quand elle fait grève dans un bus ou quand un ex-capitaine de cette même équipe, pardonné pour avoir dit des inepties sur une éventuelle taupe – coupe du monde de 2010 – remet le couvert et attaque en public des gens.
Patrice Evra a le droit de critiquer des journalistes. Il est facile de commenter, moins de jongler. Il est facile d’analyser, moins de jouer devant cinquante mille personnes bouillantes d’alcool et de passion. En revanche, il n’a pas le droit de se servir du micro de l’équipe de France pour étaler ses griefs personnels. Lui ou un autre. Ce n’est pas ce que nous demandons aux meilleurs joueurs du pays. Nous leur demandons de marquer des buts et de gagner, pas de s’excuser ou d’insulter.
L’ex-capitaine des Bleus – J’insiste là-dessus car ce titre est un véritable honneur qu’Evra n’a toujours pas compris ou assimilé – revient à la charge et recommence les mêmes erreurs. D’où ma phrase…
Je profite de ce papier pour épingler quelqu’un d’autre.
Pierre Vavasseur, journaliste au Parisien Libéré, a écrit sur la disparition de Patrice Chéreau, survenue au début du mois. Dans l’hommage, je ne peux m’empêcher de lire ceci :
A Paris, dans le IIIe arrondissement, ce beau gosse ténébreux, cheveux souples encadrant son visage et porté vers les hommes, habitait rue du Plâtre.
Et pourquoi carrément ne pas dire – ou écrire – que Chéreau était pédé ? Gay ? Tafiole ? Lopette ? C’est donc tellement important que cet artiste génial, visionnaire et donc, terrible et pénible, soit rangé dans cette case si facile ? Voilà donc tout ce que le quidam moyen doit retenir d’un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du théâtre Français ? Qu’il était « porté sur les hommes » ? Excusez-moi, ce n’est même pas une maladresse mais bien une connerie.
Voilà à quoi on reconnaît les cons : ils osent tout. Ca date de 1963 et c’est toujours aussi moderne.
I love you. All of you. And Lulu.